Le récit de Lovejoyce

Avant de partir…

Lovejoyce est né à Lomé au Togo, dans les années 80. Dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, situé entre le Ghana et le Bénin, il a grandi et travaillé fort pour se construire un avenir en phase avec ses ambitions et ses valeurs. Passionné par la culture et la communication, Lovejoyce a fondé sa propre agence de communication, s'impliquant activement dans divers événements culturels et manifestant un fort engagement social. En parallèle, il exerçait en tant que consultant en communication au sein du cabinet présidentiel.

Derrière ce professionnel accompli se cache un autre rôle tout aussi important pour lui : celui d'être père. Lovejoyce est le père de trois filles, et il en parle avec une tendresse palpable : « Chaque samedi, j’avais l’habitude d’emmener mes filles au restaurant à tour de rôle, de façon à développer des liens forts et individuels avec chacune d’entre elles. C’est un peu dur d'être séparé ». Pour lui, être un père présent et impliqué était une priorité, une source de bonheur et de fierté.

Un père, un citoyen engagé, une histoire d’exil

La vie de Lovejoyce prit un tournant décisif lorsque, pour des raisons politiques, il a dû quitter son pays, laissant derrière lui sa famille et sa carrière. Cette séparation forcée a été un déchirement pour lui, conscient du vide laissé dans la vie de ses filles : « Les deux premières ont beaucoup de souvenirs avec moi, c’est difficile pour elles. La plus petite, qui était très jeune quand je suis parti, a parfois le sentiment que je ne la connais pas. Je lui démontre le contraire quand elle m’interroge sur ses goûts et sa personnalité sous forme de quiz. Malgré tout, je passe le test à chaque fois. J’ai beaucoup de choses à rattraper avec mes filles », confie Lovejoyce, comme si les liens entre un père et ses enfants transcendent l'espace-temps. Depuis son arrivée au Québec en 2018, il travaille ardemment pour les faire venir près de lui, désireux de les sortir d'une situation de vie qui n'est pas idéale et de leur offrir un environnement sécurisé où ils pourront être réunis.

D’une certaine manière, nous sommes toustes des réfugié.e.s

Lovejoyce livre une leçon d’humanité non seulement touchante mais véridique : « On est tous des réfugié.e.s. D’abord, dans le ventre de nos mères. Ensuite, on quitte la maternelle pour aller au CP, on change d’environnement, de quartier… on est toustes réfugié.e.s d’une manière ou d’une autre. On cherche toujours une place pour vivre une place, où s’enraciner, temporairement ou de façon permanente. Nous sommes toustes concerné.e.s, c’est ça qui nous lie en tant qu’êtres humains. Le chemin Roxham est comme ma deuxième mère. Il m’a redonné la vie, ailleurs. Quand je parle d’enracinement, ce n’est pas que j’ai perdu mes racines, je les ai juste planté dans un autre jardin, dans lequel j'espère fleurir à nouveau. Je suis togolais, j’ai grandi là-bas pendant 37 ans, mais je suis canadien, québécois ».

Lovejoyce incarne ainsi la lutte quotidienne des nombreux individus contraints de quitter leur pays pour des raisons politiques, économiques ou sociales. Tout en jonglant avec les défis de maintenir des liens familiaux solides malgré la distance, il met ardemment en œuvre la construction de son avenir ici, en composant avec les obstacles réconfortés par les moments heureux. Son histoire reflète à la fois la résilience et l'amour inconditionnel qui animent tant de personnes confrontées à des situations similaires à travers le monde.

Le Café Crème de Longueuil, symbole de l’enracinement de Lovejoyce au Québec

« Quand je suis arrivé à Montréal, je débarque a Longueuil, où je trouve ce café où nous sommes. Je suis servi avec le sourire, les gens s'intéressent à moi, et finissent par savoir ce que je bois. Je passe plus de temps ici que chez moi. Il y a une énergie spéciale ici. Quand on arrive ici on n’a pas l’impression d’être différent parce qu’on a une couleur de peau différente. Il y a une certaine chaleur humaine, et ça c’est important quand on parle d’accueil. C’est familial, c’est ce que j’aime. Surtout quand tu laisse derrière toi ta famille, ton pays, tes repères, les gens qui comptaient pour toi et pour qui tu comptais, ça fait chaud au cœur. Au Canada, j’ai rencontré de bonnes personnes ».

"On est tous des réfugié.e.s. D’abord, dans le ventre
de nos mères."

Lovejoyce

La recommandation musicale de Lovejoyce

Nous avons demandé à Lovejoyce de nous partager une chanson qui lui tient à cœur et qu’il écoute souvent. Lovejoyce vous propose d’écouter « Migrants de rêve », de Fally Ipupa et Youssou N’Dour.

Merci, Lovejoyce.

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